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RE 2020 : les raisons de cette incompréhension

Tout à leur volonté d'imposer le bois dans les constructions neuves, les pouvoirs publics cherchent à transformer une technique de modélisation fragile et scientifiquement contestée en un outil de prescription. La filière béton conteste cette démarche et lui oppose une ambition structurante fondée sur les efforts collectifs de l'ensemble des acteurs de la construction.   

 

Chaque année, l'industrie cimentière consacre des centaines de millions d'euros à la décarbonation de ses activités. Elle attendait donc avec intérêt l'arrivée de la nouvelle réglementation environnementale (RE 2020) applicable aux constructions neuves, qui devait fixer un cadre engageant pour encourager l'innovation et la mixité des matériaux au service d'une économie décarbonée.

L'introduction de l'ACV (analyse du cycle de vie) dynamique simplifiée. Cette technique de modélisation, qui repose sur des hypothèses et des équations très complexes, accorde un bénéfice aux émissions différées dans le temps en créant une sorte d'équivalence entre stockage temporaire et « non émission » à la construction. Un parti pris qui favorise les matériaux faiblement émetteurs en début de cycle de vie, au premier rang desquels le bois.  

Problème, la méthode retenue se base sur des simplifications qui n'ont reçu aucune validation scientifique. En particulier, le bénéfice du stockage temporaire du carbone dans le bois apparaît largement majoré alors même que plusieurs travaux ont montré qu'il ne contribuait pas à atténuer le changement climatique.

À terme, le carbone non comptabilisé sera tout de même émis, ce qui revient à contracter une dette carbone auprès des générations futures. Il faudra surexploiter du bois, au détriment de l'emploi local et des circuits courts. Enfin, les efforts des industriels ne pourront jamais rivaliser avec les valeurs négatives en carbone attribuées aux produits biosourcés.

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Béton : toutes les solutions bas carbone sont bonnes à prendre

Une autre manière de travailler ensemble à la neutralité carbone est de mettre en place une politique favorable à l'ensemble des solutions bas carbone, dans une logique d'objectifs de performance.

Cette logique est celle qui anime les acteurs de la construction depuis plus de 30 ans. Un chiffre en témoigne : entre 1990 et 2018, les émissions carbones du ciment ont été réduites de 39 %. Un tel gain n'aurait pas été possible sans la mise en œuvre coordonnée d'approches à l'efficacité éprouvée.

Aujourd'hui, une multitude de solutions sont déployées, en test ou en développement pour tendre vers une construction béton en phase avec le défi climatique. Certaines d'entre elles visent à réduire l'empreinte carbone au niveau de la cimenterie, par exemple en utilisant des combustibles alternatifs (en substitution des énergies fossiles), en améliorant l'efficacité énergétique des fours ou en optimisant les process industriels de production du clinker et en développant de nouveaux ciments à ajouts (par substitution du clinker).

D'autres agissent sur l'empreinte carbone des matières, que ce soit par le développement de nouveaux adjuvants, la diminution des quantités d'acier utilisées dans les armatures ou l'optimisation des épaisseurs d'enrobage.  

Les techniques constructives constituent une dernière cible. Il s'agit là, notamment, de concevoir des structures innovantes grâce à la préfabrication, d'affiner le choix des classes de résistance du béton ou de recourir à la précontrainte par posttension.

Face aux enjeux environnementaux, la réponse ne réside pas dans une mais dans une multitude de solutions. Qui se traduiront par des investissements, des adaptations dans les études, des changements d’habitude et… des évolutions dans les normes.

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